vendredi 1 avril 2016

Un univers de salon feutré



J’ai quitté son univers de salons feutrés aux orgies obligatoires.

J’ai quitté ses amis en feu de paille.

J’ai rompu avec la souricière que devenait cette vie vaine, ces festivités embrumées de poudre nasale.

Les escaliers sont généralement un moyen pour se hisser au sommet des cathédrales, chez elle c’était comme être prisonnier dans un phare.

A peine tu parvenais à prendre un peu de hauteur que tu étais précipité de haut en bas par des hommes accrochés aux apparences. Sous les multiples lumières des lieux de réception, le brouillard s’installait peu à peu, l’inconnu colonisait les corps et la perception même des choses et des êtres. Même les odeurs tombaient en ruine

Des ruines d’odeur oui, vous savez lorsque vous perdez jusqu’à vos sensations les plus élémentaires…

Elle était connue pour aimer passionnément les mots finement construits en habits du dimanche. Toutes les fins de semaine, sa demeure s’animait de nombreux personnages plus fantastiques les uns que les autres. Des artistes …

Les femmes collectionneuses s’endimanchaient de parures de pierres

colorées aux reflets improbables. Les hommes guettaient la moindre invitation. Parfois des clowns vieillis en costumes de retraités, flambaient leurs restes d’innocence.

Avec eux, elle usait sa vie des fins de nuits, avec eux l’aube s’obscurcissait et j’avais envie de hurler la fin de la récréation.

Lorsqu’elle retrouvait ses esprits, elle reprenait les choses en mains et

le salon retrouvait ses allures ordinaires, intelligent, savant même parfois.

Elle pontifiait

« Sachez bel ami, que l’on peut bâtir des déraisons à l’ombre du buffet du salon, mais je ne vous ai pas invité pour embaumer le quartier de vos niaiseries »

« Vous vous perdez de vue, mais à continuer ainsi vous perdrez l’essentiel, vous ne pourrez plus vous sentir ! »

C’est à ce moment-là que je suis parti !


(C) Geneviève BONIFAIT